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Journée Mondiale du Théâtre 2021: entre festivités et revendications

 

Samedi 27 mars 2021, CCC Média était dans les rues lyonnaises pour donner la parole aux militant.e.s en faveur de la culture. En cette journée mondiale du théâtre, des manifestations artistiques se sont déroulées place de la Comédie, en face de l’Opéra de Lyon occupé depuis le 15 mars par des étudiants de secteurs artistiques – majoritairement. Nous avons rencontré le metteur en scène Gilles Champion, la dramaturge Sarah Oling ainsi que Nils et ses camarades étudiants.

 

 

Une journée festive et revendicative

Cette année, avec l’interdiction d’ouvrir les lieux culturels due à la crise sanitaire, les célébrations de la journée mondiale du théâtre ont pris un aspect revendicatif. La place de la Comédie s’est transformée en un véritable petit festival pour l’occasion. Sur une scène montée devant l’Hôtel de Ville, les prises de paroles et les performances artistiques s’alternent. Pendant ce temps, sur le péristyle de l’Opéra, des étudiant.e.s dessinent et peignent de grandes affiches. Dans un coin de la place, un collectif de danse et musique brésilienne remplit l’atmosphère de rythmes de capoeira. Plus loin, une bande de clowns fait l’animation en dansant façon slow-motion.

Ces moments de culture oubliés reprennent vie l’espace d’un après-midi et nous rappellent l’importance du spectacle et de l’art dans nos vies. L’évènement en lui-même a rassemblé une trentaine d’artistes et était soutenu par différentes associations, lieux artistiques, radios, élu.e.s, collectifs. En appui au mouvement d’occupation de l’Opéra, les revendications énoncées concernent aussi plus largement les personnes dont l’activité est impactée par la crise sanitaire.

 

Crédit photos : Salomé Grochowicki pour CCC Média

« Le monde du spectacle est à l’arrêt »

Sarah Oling, dramaturge, est directement confrontée aux problèmes de la fermeture des théâtres. Cette ancienne journaliste et comédienne est porteuse du projet « Conscience en convergence » autour de la transmission des mémoires pour les jeunes générations.  Elle est présente aujourd’hui en soutien, dans l’interminable attente de pouvoir reprendre son travail et arriver à faire jouer sa pièce sur scène, « le seul endroit où elle peut prendre vie ». Sarah a eu la chance de pouvoir dévoiler sa première pièce de théâtre en octobre 2020 mais « tout s’est refermé après ».

Face à cet arrêt de la culture, elle craint une situation de « sinistrose ambiante » si les salles n’ouvrent pas rapidement et elle lance un appel simple :

« Qu’on nous permette de faire rêver les gens pour enfin retrouver le sourire (…) et permettre que le monde s’ouvre de nouveau »

  

La réouverture des lieux d’art et de culture  : « Nous, on s’est fixé cet objectif »

Gilles Champion a décidé en février de créer un comité d’initiative citoyenne avec des ami.e.s. Bien qu’ils soutiennent les revendications des différents comités de salarié.e.s du spectacle qui se sont formés, eux n’en ont qu’une seule et unique : la réouverture des lieux culturels. Auteur, metteur en scène et comédien, Gilles ne comprend pas la décision du gouvernement : « Il n’y a aucune raison sanitaire pour s’opposer à la réouverture des lieux culturels ». Il affirme que participer à un évènement culturel, que ce soit dans un théâtre, un cinéma ou un musée, est moins dangereux au niveau du risque de contamination que de prendre le métro par exemple.

 Gilles et son collectif appellent tous les citoyen.ne.s à rejoindre leur initiative :

« Allez voir les élus, battez-vous pour les engager à la réouverture des lieux culturels, ensemble on peut y arriver »

Pour prendre contact avec Gilles Champion: ctecompagniegj@gmail.com 

  

Crédit photos : Salomé Grochowicki

L’occupation de l’Opéra : lieu de pouvoir

Comme c’est le cas dans de nombreuses villes, l’occupation active de l’Opéra de Lyon a débuté le 15 mars. Une cinquantaine d’étudiants, principalement en arts, restent nuit et jour sur les lieux pour montrer symboliquement leur engagement et faire entendre pacifiquement leurs revendications.

Nils, 20 ans, est présent depuis le début de l’action, pour lui c’est « un moment important pour se battre pour ses droits ». Musicien et étudiant en son à l’ENSATT, il est aussi syndiqué à Solidaires Etudiant.e.s. Lyon et s’est joint au collectif Lutte inter-écoles Lyonnaises qui organise l’occupation. Concernant l’Opéra « on sait que c’est un lieu de pouvoir, un lieu culturel légitime et beaucoup ne se sentent pas légitimes d’y entrer”, et justement les occupant.e.s ouvrent leur combat. Nils et les autres occupant.e.s essaient de “s’adresser à tous.tes, de ne pas rester dans un entre-soi d’étudiant.e.s en art. On invite tout le monde à venir lutter avec nous ».

Malgré l’attaque par des groupes d’extrême droite vendredi 26 mars qui visait à détruire leurs productions artistiques, les militant.e.s tiennent l’occupation, déterminé.e.s à défendre de manière pacifique les droits fondamentaux de tous.tes.

 

Des revendications sur plusieurs fronts

Entre le monde étudiant et de celui de l’intermittence, le combat de Nils et ses camarades est en réalité élargi aux conditions de vie de tous.tes celles/ceux touché.e.s par la précarité depuis la pandémie. Ils réclament des changements dans le domaine social comme l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage baissant les allocations de plus de 800 000 personnes. Ils se battent contre les lois liberticides et demandent une réelle prise en charge de la précarité étudiante : l’accès au logement, à l’alimentation et à la santé.

« Qu’on ne se satisfasse pas des effets d’annonces du gouvernement »

Bien sûr, ils rejoignent aussi la voix des intermittent.e.s du spectacle sur la nécessité d’une 2ème année blanche, d’un accès au marché du travail facilité pour les primo-entrant.e.s ou encore l’élargissement du régime intermittent aux travailleur.euse.s saisonnier.e.s et extras.

Concernant les établissements culturels, les occupant.e.s prônent aussi la réouverture au regard des différentes études scientifiques prouvant qu’ils ne comportent pas de risque de contagion plus élevé que d’autres lieux pourtant ouverts. Cependant, ce n’est pas leur revendication prioritaire.

« Ca n’a pas de sens de demander en premier lieu la réouverture des salles lorsque les revendications sociales ne suivent pas » affirme Niels.

 

Les différentes manifestations de cette journée mettant à l’honneur l’art et la culture ont permis d’accompagner d’une ambiance festive les revendications pourtant bien sérieuses des différents collectifs présents. Malgré des divergences dans la façon de lutter et dans la priorisation des problématiques, le mot d’ordre reste le même : rejoindre le combat pour sauver la culture. 

 

Pour plus d’informations sur la lutte pour la réouverture des lieux culturels :

https://www.instagram.com/ouverturesssentielleslyon/

 

Solène Gaudefroy, rédactrice pour CCC Média

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