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1er mai à Givors : la culture de nouveau mobilisée

Résistance en image # 4

 

Ce samedi 1er mai, CCC Média avait rendez-vous à Givors pour suivre les manifestations en faveur de la culture. A l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, des performances artistiques se sont déroulées place Jean Jaurès, devant la mairie. Nous avons rencontré le metteur en scène Gilles Champion, la clown Lola Chachacha ainsi que Foued Rahoumi, élu givordin, et Nicolas Blanc représentant l’UL Force Ouvrière.

 

Le milieu de la culture toujours sur le front

Comme chaque année, le 1er mai arbore un aspect revendicatif, ce samedi pourtant, les manifestations sont aussi artistiques. Sous le kiosque de la place Jean Jaurès à Givors, les prises de paroles s’entremêlent avec des morceaux rythmés de fanfare, des numéros colorés de clown et des textes de slam engagés. Même avec les récentes annonces gouvernementales, les acteurs culturels se sont mobilisés pour faire valoir leurs droits. Ils sont soutenus par un certain nombre de personnes, habitants, élus ou syndiqués, présentes en appui malgré le temps pluvieux de cet après-midi.

Gilles Champion, comédien et metteur en scène, participe à l’organisation de cette journée de mobilisation. Il est l’un des fondateurs d’un comité d’initiative citoyenne réclamant la réouverture immédiate des lieux culturels avec une pétition envoyée au préfet qui a recueilli 2 200 signatures. Nous avions rencontré Gilles et ses compagnons lors de la Journée mondiale du théâtre du 27 mars, leur première manifestation. Cette fois, c’est à Givors qu’ils se rassemblent et prévoient déjà un 3ème acte le 15 mai à Bellecour.

Une réouverture tardive, sous conditions

Depuis le premier rassemblement du collectif, la situation a évolué puisqu’une réouverture des salles de spectacle, des cinémas, des théâtres et des musées est maintenant prévue dans quelques semaines. Gilles tient pourtant à rappeler que “ces lieux auraient pu rester ouverts” comme ça a été le cas pour les lieux de culte. “Le gouvernement les a fermés pour des raisons qui ne sont pas sanitaires (…) donc on ne le félicite pas.”

En cette journée internationale des revendications et des solidarités, l’Union Locale Force Ouvrière (ULFO) de Givors a rejoint le mouvement avec une dizaine de membres. “On est là pour accompagner et soutenir cette mobilisation revendicative pour la réouverture de tous les lieux culturels mais, in fine, tous les lieux de travail de salariés qui aujourd’hui ne peuvent plus travailler. Pour Nicolas Blanc, secrétaire général de ce  syndicat, les annonces gouvernementales sont arrivées trop tardivement.

“On espère qu’elles seront véritables que ce ne seront pas QUE des annonces”.

Même scepticisme chez Gilles Champion.

“La réouverture programmée à partir du 19 mai va dans le bon sens. On se satisfait tout en étant extrêmement méfiant”.

Une méfiance qui s’explique par une première décision de réouverture en décembre 2020 n’ayant en fait jamais aboutie.

 

D’autre part, une limite sur le nombre de personnes sera vraisemblablement en vigueur dès le 19 mai. Pour le fondateur du comité d’initiative il s’agit par conséquent d’une “fausse réouverture” car pour certains établissements, l’instauration d’une jauge trop basse ne permettrait pas de prospérer financièrement.

“On demande la réouverture dans des conditions économiques et sanitaires soutenables.”

Des revendications élargies à tous les travailleur.euse.s

De leur côté, la revendication de l’UL Force Ouvrière est plus généralisée : “Nous revendiquons le droit de travailler.” incluant ainsi les travailleurs.euses des salles de spectacle et des cinémas comme celles.eux des restaurants et des bars. Au-delà de la réouverture des lieux culturels, ils demandent l’abrogation des mesures jugées “liberticides”,  c’est-à-dire toutes celles prises au nom de la crise sanitaire et qui ne permettent pas de vivre convenablement.

Accompagnés de quelques-uns de ses collègues, Foued Rahmouni, 2ème adjoint au maire de Givors, était lui aussi présent.

“Il n’y a pas de liberté sans garantir des conditions matérielles d’existence.”

 Le jeune élu de 32 ans fait simplement le lien entre ce 1er mai, fête des travailleurs, et le désespoir du monde artistique et culturel.

“Aujourd’hui, on se retrouve face à un pan de notre société empêché de faire son travail et de pouvoir vivre de sa passion.”

Selon Foued, la fermeture des théâtres, salles de concert, cinémas et musées a profondément impacté le lien social dans sa ville. Ce samedi, il était donc mobilisé pour son soutien aux acteurs du monde artistique et aussi du monde associatif.

“La place qu’a pris le numérique créait une illusion (..) Internet, c’est très bien mais rien ne vaut le spectacle vivant, rien ne vaut le fait d’aller à un concert directement sur place, de pouvoir apprécier un film au cinéma”

Tous les collectifs mobilisés ce 1er mai 2021 souhaitent que les réouvertures annoncées se fassent comme prévu. Gilles et son comité continueront de se battre pour que les lieux culturels soient sanctuarisés au même titre que les lieux cultuels.

“Maintenir la culture c’est une façon de résister”.

Face à un gouvernement dont les actes laissent à penser que le monde de la culture est non essentiel, Foued Rahmouni répond “Nous, on considère que, bien au contraire, c’est ce qui nous permet de faire sens et de faire société.”

Solène GAUDEFROY, rédactrice pour CCC Média

 

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