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Etre migrant albanais dans la métropole lyonnaise !

Arrivés en France il y a 7 mois pour les plus anciens, environ 150 personnes majoritairement originaires d’Albanie cherchent refuge dans la Métropole de Lyon. Ces demandeurs d’asile ont fui l’horreur des persécutions, des pillages et de la misère. Venus seuls, en couple ou en famille, très peu d’entre eux se sont vus attribuer le logement dont ils ont pourtant droit. Expulsés du camp de fortune établi Esplanade Nelson Mandela dans le 3ème arrondissement de Lyon, ce 22 août dernier, la majorité d’entre eux se retrouve pour la cinquième fois consécutive poussés à l’errance par les pouvoirs publics. Si l’Etat peine à gérer les crises de migration, les citoyens commencent à s’éveiller face à la détresse présente en bas de chez eux.

 

Aussi, de juin à août, le Collectif Agir Migrants – initiative citoyenne indépendante – est venu porter main forte à ces familles dans le besoin, offrant tant matériel de nécessité qu’écoute et réconfort. C’est près d’une centaine d’habitants du 3ème arrondissement qui est venu donner de son temps, aux côtés des associations toujours présentes sur le terrain.

Mercredi 16 août le Tribunal Administratif de Lyon annonçait pour la cinquième fois en sept mois l’expulsion des migrants albanais et la destruction de leur camp de fortune. Installés depuis le mois de juin sur l’Esplanade Nelson Mandela dans le 3ème arrondissement, ils sont pour la plus grande majorité demandeurs d’asile. 

Si dans la législation française cette situation donne droit à un logement le temps de la procédure, ils ne sont que très peu à avoir pu bénéficier d’une telle aide, laissant les autres à la rue.

Cinq expulsions en sept mois

Trouvant refuge dans des campements de fortune montés sur le tas au hasard des terrains vides de la ville de Lyon, ces migrants se sont vus saisis en justice cinq fois en l’espace de sept mois, aboutissant à chaque fois à l’expulsion.

Aussi, c’est près de 150 individus, pour la plupart demandeurs d’asile, qui errent de terrain en terrain dans l’attente du statut de réfugié.

Le dernier camp – « Esplanade Nelson Mandela »

De juin à août, l’ensemble des familles ont posé pied à terre « Esplanade Nelson Mandela », sur une friche laissée à l’abandon face aux Archives de Lyon. Entassés sous des toiles de tentes, ils ont dû faire face à la canicule et à une coupure d’eau  pour cause de travaux dans les alentours de la zone.

Bien que les pouvoirs publics ne semblent s’investir que par le prisme de la Justice face à une telle situation, des citoyens lambdas réunis sous l’appel de « Collectif  – Agir Migrants » se sont déplacés sur le terrain pour apporter main forte à ces familles albanaises.

Initiative citoyenne et spontanée, elle a rassemblé une centaine d’individus, en majorité « voisins » du camp, donnant de leur temps et de leur service en fonction des compétences de chacun. Ainsi, apport d’eau, de nourriture, de matériel de nécessité, mais aussi animation, écoute et réconfort ont été mis en œuvre auprès des migrants tant pour alléger leur quotidien que pour leur redonner dignité.

Si l’Etat peine à gérer les crises de migration, ces citoyens engagés viennent palier les manquements.  Aussi, désabusés par un tel abandon des pouvoirs publics, ils apportent aux migrants une grande aide dans leurs démarches administratives, accompagnant tant pour les demandes de  papiers officiels que dans les choses de la vie quotidienne comme l’inscription des enfants à l’école.

Aux côtés de Médecins du Monde et de la Ligue des Droits de l’Homme, ils œuvrent ainsi bénévolement à améliorer la vie des familles.

Si nombre de ces migrants ont déposé une demande d’asile auprès de la Préfecture de Rhône, très peu d’entre eux arriveront à obtenir le statut de réfugié. Pour cause, ces albanais considérés seulement comme « réfugiés économiques », ne sont pas reconnus comme souffrants des persécutions et violences au sein de leur pays. Pour certaine de ces familles c’est d’ailleurs la deuxième fois qu’elles se déplacent jusqu’ici après un retour au pays ordonné par l’Etat Français.

Les droits humains en désuétude face au droit de propriété

Malgré la civilité des migrants albanais installés Esplanade Nelson Mandela, la Métropole de Lyon a saisi la justice début août pour demander une énième expulsion. Si ces familles ont droit à un logement, la Justice elle-même se place du côté des pouvoirs publics en défendant le droit de propriété.

Gilles Devers, avocat de ces familles lors du dernier procès le 16 août déplore ouvertement que le droit de propriété vienne surpasser le droit des réfugiés – le Capital avant l’Homme.

Pour l’heure, bien que les familles les plus vulnérables ont pu bénéficier d’un relogement temporaire, la majorité de ces migrants se retrouve à l’errance dans les rues de la Part-Dieu, sans proposition de relogement de la part des pouvoirs publics, et avec la menace d’une sixième saisie en justice, si d’aventure ils trouvaient terrain sur lequel s’installer.

Lucie Sancier Thebault
Photos : CCC Média

 

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