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en co-production avec le Lyon Bondy Blog

« La 24è Marche des Fiertés à la page de l’actualité »

 

Nos reporters présents au cœur de la « Marche des Fiertés » à Lyon pour cette 24ème édition/défilé, qui avait reçu l’autorisation de traverser le Vieux Lyon, a été balayée par la pluie. Elle se voulait festive et également politique à l’heure où le projet PMA pour toutes est dans les tuyaux du parlement.

Le rendez-vous avec l’association féministe « Escapades Féminines » a été fixé en tout début d’après-midi sur la place Bellecour. A ce moment la place est encore vide, bientôt vont apparaître les drapeaux arc-en-ciel. Le camion loué par l’association est orné de ballons de baudruche violets et de pancartes portant des slogans, tel :« Tendons-nous la main ou nous n’aurons rien ».

Crédit photos : Quentin Strousser pour CCC Média

Une marche d’actualité

Le 28 juin 1969, un bar du quartier New-Yorkais de Greenwich Village devient l’épicentre de la contestation de la communauté LGBT. Discriminée par les institutions et persécutée par les forces de l’ordre, la communauté LGBT américaine va ouvrir un deuxième front de contestation, 1 an après l’abolition de la ségrégation raciale dans les transports en commun par la cour suprême. Ce seront les émeutes de Stonewall, du nom du bar où se réunissait la communauté LGBT de New-York. C’est cet événement qui a donné lieu à la première Marche des Fiertés, un an plus tard. En France, la communauté LGBT a obtenu une grande victoire le 23 avril 2013 avec le vote du mariage pour tous à l’Assemblée Nationale.

 Véronique, membre du conseil d’administration de l’association Bring Your Pussy livre sa vision sur la vie des personnes LGBT en 2019. « J’ai l’impression qu’il est plus simple pour les jeunes d’exprimer leur orientation sexuelle. Pour les femmes de 40-50-60 ans qui ont vécu une époque où c’était hors de question de le rendre visible, c’est plus compliqué car elles ont gardé cette peur du jugement ». Elle rajoute : « Il est déjà compliqué d’être une femme dans notre société alors une femme lesbienne. »

Droits acquis et droits futurs

2019 pourrait comporter une nouvelle date marquante. La procréation médicalement assistée sera au menu des débats de l’Assemblée Nationale dès la fin septembre, dixit le Premier ministre Edouard Philippe. Maria Ventura, Présidente d’Escapades Féminines et organisatrice de la marche, a réagi à notre micro : « J’attends de voir ce qu’ils vont présenter. A chaque fois ils repoussent. On va attendre de savoir s’ils incluent nos demandes et notamment la PMA pour toutes ». Son combat phare reste la visibilité au quotidien de la communauté LGBT et pas simplement au travers des médias : « Je veux pouvoir me promener main dans la main avec ma compagne sans me faire insulter ou agresser. C’est juste de l’amour, pas de la provocation ». Au palmarès de cette vingt-quatrième édition, malheureusement écourtée, elle brandit fièrement le parcours rallongé sur les quais du Vieux-Lyon, réputé comme le repère des groupes identitaires. « Les LGBT ont gagné ce combat l’année dernière, cette année le parcours a été rallongé c’est encore une belle victoire. Nous avons notre place dans ce quartier qui n’appartient à personne ».

L’homophobie persiste et inquiète

Malgré l’ambiance détendue et festive, la communauté LGBT a fait part de son inquiétude concernant l’augmentation des actes homophobes. Dans son dernier rapport annuel, l’association Stop Homophobie note une hausse des signalements des actes LGBTphobes pour l’année 2017 (1650 signalements contre 1575 l’année précédente). Une nouvelle augmentation qui fait suite à la flambée enregistrée après l’adoption du mariage pour tous, atténuée par une baisse en 2015. Parmi les milieux dans lesquels sont perpétrés le plus d’actes homophobes signalés se trouvent internet (22%) suivi du voisinage, des lieux publics, du travail et du cadre familial. Les manifestations de l’homophobie ne sont majoritairement physiques. 62% des signalements concernent un rejet ou l’ignorance, 52% des insultes. 34% des plaignants ont dénoncé des discriminations, 20% un harcèlement. 14% des cas concernent des agressions physiques. Un couple lesbien dénonce : « Dans les années 80, nous étions considérées comme malade, maintenant que l’on est bien dans notre peau ça dérange certaines personnes. Je pense qu’ils ne s’assument pas et s’en prennent aux personnes bien dans leur peau. » Présent avec son conjoint, Gérald est un des animateurs de l’émission Pluriel Gay sur Radio Pluriel. A l’instar du CSA dans un récent rapport, il regrette la sous-représentation des minorités culturelles et une télévision française « éminemment blanche et hétéro centrée. La vision de notre communauté n’est qu’extérieure, rarement prise de l’intérieur ». Concernant l’augmentation des chiffres des actes LGBTphobes, il déclare : « C’est à la fois plus médiatisé et il y a de plus plus de victimes qui portent plainte. Les plaintes ne sont pas toujours bien traitées. Je pense qu’il y a toujours un fond d’homophobie dans la société française et occidentale qui peut revêtir plusieurs formes. Les LGBT ont raison d’être visibles mais cette visibilité provoque une réaction violente d’une minorité. »

Si les lois sont de plus en plus tournées vers une égalité entre hétérosexuels et homosexuels, il reste à cette communauté une étape à franchir. Pour Gérald, l’administration et les autorités ne sont pas à l’ordre du jour : « la police accepte de prendre la plainte mais ne retient pas le terme d’homophobie ».

 

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