Marion Veziant-Rolland est la directrice du Foyer de Notre Dame des Sans-Abri de Lyon. Alors que la population est appelée au confinement, certains sont dans la rue et ne peuvent s’abriter convenablement. Le Lyon Bondy Blog a pu s’entretenir avec elle sur le sujet de l’aide aux personnes sans logement.
Crédit photos site FNDSA
En ce moment, que se passe t’il au foyer Notre Dame des Sans-Abri ?
Au foyer, il y a deux pôles d’activités principaux : un pôle d’insertion professionnelle, qui emploie des salariés en insertion dans des ateliers et un pôle accueil et hébergement qui accueille en moyenne 1500 personnes tous les soirs. Vu le contexte et la situation, nous avons décidé de nous concentrer sur les activités vitales de l’association. Nous avons fermé les ateliers d’insertion et positionné les salariés en insertion, en chômage technique pour pouvoir nous concentrer sur la conservation des activités d’hébergement. Il n’est pas question de fermer les centres d’hébergements. Nous concentrons nos forces là-dessus, afin de maintenir l’hébergement de personnes souvent fragiles. Cela nous parait être une mission essentielle.
Dans cette mission d’hébergement, il y a des sous-missions autour de la fourniture d’alimentation et tout ce qui touche à l’hygiène ; ce sont les missions prioritaires identifiées. A partir de ces missions, nous réorganisons entièrement notre activité. Nous mobilisons des salariés, nous anticipons les absences de salariés permanents ayant besoin de garder leurs enfants, qui sont malades ou qui doivent protéger un proche. Nous essayons de maintenir ces missions vitales en redéployant les forces vives internes. D’autant que nos forces vives sont majoritairement constituées de bénévoles, évidemment en retrait, puisque beaucoup d’entre eux sont des personnes fragiles de santé ou âgées. Il n’est donc pas question de se déplacer depuis la mise en place des mesures de confinement.
Comment regroupez-vous les denrées alimentaires ?
Avez-vous fait un appel à l’aide ?
Le Foyer travaille de manière habituelle avec la Banque Alimentaire. Nous passons commande, nous alimentons nos cuisines centrales et distribuons des colis aux personnes que nous accueillons. La Banque Alimentaire a connu quelques difficultés, liées au manque de bénévoles, de ressources humaines et à cause d’une sur-sollicitation des plateformes qui fournissent les supermarchés. Je dirais que l’on a une réorganisation en cours, des activités de la Banque Alimentaire qui nous impacte directement. Nous trouvons ou trouverons d’autres sources d’approvisionnement.
Tout ce qui relève d’une organisation habituellement assez fluide est aujourd’hui à l’arrêt. Cela nous oblige à tout requestionner, tout réorganiser et à nous demander en permanence où sont les moyens essentiels dont nous disposons et où faut-il les positionner ?
Avez-vous fait appel à des restaurants en surplus alimentaire
et/ou certains vous ont-ils contactés ?
Beaucoup de restaurants sont venus vers nous pour déstocker. Cette solidarité est précieuse, elle n’est pas toujours simple à mettre en oeuvre, pour des raisons d’hygiène évidentes. Il faut avoir les moyens de transporter. Nous avons un camion frigorifique, mais ce n’est pas le cas de tous. Il faut les moyens d’assurer la chaîne du froid. Chez nous, ce n’est pas valable sur tous les sites. C’est aussi une question de quantité qui des fois ne correspond pas au nombre de personnes qu’il faut livrer. Ce n’est pas toujours simple à mettre en oeuvre. Ceci dit, je salue cet élan de solidarité, parce que l’on voit des citoyens soucieux qu’il n’y ait pas de perte de stock, et soucieux de redistribuer vers les plus démunis.
Nous nous organisons pour pouvoir répondre à une partie des sollicitations et propositions qui nous sont faites, pour récupérer de l’alimentation.
Les maraudes sont-elles remises en route ?
Comment se passe l’accueil des gens qui sont dans la rue ?
Nous n’avons pas de place disponible. Les demandes d’hébergement s’adressent au 115 ou à la Maison de la Veille Sociale, ils distribuent les places disponibles aux personnes qui appellent. Aujourd’hui, il n’y a que peu ou même plus de places, les sites du foyer sont pleins. Les maraudes sont portées par le Samu Social de Lyon. Ce ne sont pas des aptitudes portées par le Foyer de Notre Dame des Sans-Abri. Nous sommes dans un accueil fixe.
Quelles sont les besoins actuels du Foyer ?
Il est difficile de répondre à cela. On a toujours besoin de soutien, sous toutes ses formes. Le plus simple à mettre en oeuvre est un soutien financier, surtout aujourd’hui. La réorganisation et la poursuite de nos activités dans un contexte désorganisé autour de nous va nous imposer de faire des achats supplémentaires en matière d’alimentation. Même si l’on reçoit des dons, cela ne sera pas forcément à la hauteur de nos besoins. D’une manière générale, le Foyer à besoin de soutiens financiers. Le soutien matériel est toujours utile, nous trions et réparons les objets que l’on nous donne, puis nous les vendons ou les mettons à disposition de ceux qui en ont besoin. En ce moment, les dons sont moins faciles à trier et accepter, les circulations sont limitées. Il faut évidement respecter les consignes données par le Gouvernement. Nous sommes généralement demandeurs de bénévoles, mais en cette période, on a du mal à mobiliser à cause du confinement. Seuls les salariés en position sur les missions essentielles vont avoir le droit de se déplacer. On est dans une période un peu particulière, où le soutien peut s’exprimer de plein de manières dématérialisées. Il est important d’avoir le soutien de tout le monde.
Je salue la mobilisation des équipes du Foyer pour poursuivre les missions, et on sait que cela va devoir se poursuivre dans la durée. Dans une phase où l’on réagit au jour le jour aux consignes gouvernementales, le soutien le plus précieux est financier, mais il ne faut pas s’interdire les autres formes de soutien.