Couleur Café

présente

Olivier Brachet

« nous parle de la Métropole de Lyon »…

 

Toute l’équipe du Petit club Journalistique est allée à la rencontre de Monsieur  Olivier Brachet, ex-vice-président en charge du logement, de l’habitat et de la politique de la ville à la Métropole de Lyon.

De part son parcours et son expérience, Monsieur Brachet, aujourd’hui, Juge Assesseur HCR à la Cour Internationale du Droit d’Asile, nous a longuement parlé des enjeux auxquels faisait face la métropole : emploi, logement, démocratie et migrants.

Bon visionnage ! 

 

Si la métropole est en bonne santé et attire de nouveaux habitants (riches ou pauvres) chaque année, cela ne suffit plus à assurer sa prospérité dans le futur. Basées depuis des années sur la hausse du prix de l’immobilier attirant ainsi les riches et les investisseurs, la croissance lyonnaise est loin de se faire sur des bases saines (rappelons-nous de la crise immobilière de 2008).

Se satisfaire de cette attractivité , qu’ Olivier Brachet nomme «le critère Collomb»,  serait oublier de nombreuses problématiques comme celles de l’écologie ou du prix des logements (donc de la répartition inéquitable des populations) ainsi que de la spéculation qu’ils provoquent.

Pour Olivier Brachet, rentrer dans une logique «décroissante» apparaît même, comme une nécessité,  une «modernité sobre» prenant en compte les enjeux climatiques et de l’équité.

Un besoin de changement et de réformes structurelles.

Tout comme la Politique Culturelle semble être calquée chaque année sur les années précédentes, « ce qui est un comble », la stagnation des politiques en matière d’emploi, de logement et du fonctionnement de la métropole nuisent également à son développement. Celle-ci s’enlise en effet depuis des années dans une technocratie rendant son fonctionnement illisible pour les citoyens et décourageant ainsi leurs participations.

Olivier Brachet pose la question : « Pourquoi ne pas bâtir une métropole centrée autour des questions de l’emploi et du logement plutôt que sur assainissement de la voirie et des ordures ménagères ? ». Ce changement radical dans le fonctionnement de la politique métropolitaine permettrait selon lui de la rendre plus lisible, de garantir aux citoyens une politique plus proche de leurs besoins réels, mais également de stimuler l’intérêt pour le fonctionnement de ces politiques créant ainsi un cercle vertueux.

Il permettrait également une meilleure prise en compte des questions de l’étalement urbain, de l’arrière pays et de la périphérie. Nous le savons, en menant une politique «lyonno-lyonnaise » trop de territoires périphériques sont laissés en désuétude, victimes d’un manque d’emploi proches (poussant ainsi les habitants à utiliser leurs voitures pour de longs trajets quotidiens). Une politique métropolitaine organisée autour des questions de l’emploi et du logement aurait les outils nécessaires pour favoriser la création d’emploi dans ces territoires, incitant ainsi à la construction de logements proches et donc permettre de rendre ces territoires plus attractifs.

La question des migrants et des demandeurs d’asile.

Pour Olivier Brachet, la question de l’arrivée de nombreux migrants à Lyon est avant tout une question de gestion bien plus qu’un problème de manque de capacité d’accueil. Le nombre d’arrivées à Lyon étant supérieur à la capacité d’accueil du territoire, il a alors fallut créer un centre de transit permettant la re-déployement de ces populations dans d’autres départements. L’enjeux réel de ces arrivées est avant tout la répartition des migrants et des demandeurs d’asile sur le territoire français, mais cette question n’est devenue « politique » que très/trop tardivement – c’est seulement à la fin du mandat de François Hollande qu’est construit un centre d’accueil de demandeurs d’asile dans chaque département. Un nouveau problème est alors apparut, celui du poids financier de cet accueil. C’est en effet, sur les départements que repose ce poids et comment faire lorsqu’on manque déjà de budget pour financer son propre fonctionnement ?

La décentralisation de l’État a en effet fait reposer sur les départements les questions de la vieillesse, du RSA et des mineurs non-accompagnés, c’est donc une charge de plus à faire supporter à une fiscalité locale déjà étouffée, ce qui ne passe pas. Créatrice de disparités et d’inéquités, cette charge financière devrait  être mutualisée au niveau de l’État.

Cela semble d’autant plus important que les territoires n’ayant pas les moyens de financer l’accueil  de ces populations sont ceux qui pourraient le plus en profiter. C’est en effet dans les territoires les plus reculés que l’intégration des migrants permet le relancement d’activités économiques et culturelles de manière significative. Pour Olivier Brachet, ils sont des «moteurs» du développement en réactivant les gestes médicaux dans les cliniques, en ré-ouvrant des petits commerces et en empêchant la fermeture de certaines classes dans une France périphérique déjà peu équipée en établissement scolaires. De part son expérience du sujet et dans la création de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile, les préjugés des populations locales sont bien vite oubliés une fois l’intégration portant ses fruits.

Guillaume Mohier

 

 
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