Couleur Café Citoyen 

présente 

l’exposition “C’est quoi l’été pour vous ?” à la galerie Le Réverbère 

L’exposition “C’est quoi l’été pour vous ?” est la dernière exposition en date de la galerie Le Réverbère, la plus ancienne galerie de photographies de France. Une exposition au thème estival pour réchauffer nos courtes journées d’hiver, comme une ode à un été 2020 un peu trop spécial, où l’inquiétude primait sur l’enthousiasme des vacances. Une volonté de redonner un semblant d’été pour les visiteurs qui nous a enchantées ! 

La plus ancienne galerie photographique de France 

Nous le disions, la galerie Le Réverbère est la plus ancienne galerie photographique de France. Une fierté lyonnaise et pour les fondateurs du lieu, tant les galeries photographiques se font rare dans le paysage muséal et galeriste français. Une information que nous rappellent Catherine Derioz et Jacques Damez, le couple à la vie comme au travail qui se cache derrière la création du Réverbère : ils ont créé la première galerie de photos en dehors de Paris, en 1981, suite à un engouement général de la part des photographes de faire entrer la photographie dans le monde galeriste. Un pari réussi puisque Le Réverbère est maintenant devenue la plus ancienne galerie photographique encore en activité de France, un label comme un étendard gage de qualité. 

La galerie, située dans les pentes de la Croix-Rousse, est constituée d’un local d’une trois-centaine de mètres carrés. Un espace conséquent qui laisse une large marge de création et de mise en scène des expositions aux galeristes. Des expositions toujours différentes, et cherchant à mettre en valeur la diversité des formes et des styles de photographies, et à toujours faire découvrir de nouveaux photographes contemporains. 

Photographie plasticienne ou photographie photographique, les créateurs ne font aucune différence dans leur choix d’exposer telle ou telle œuvre, tant qu’elle leur semble pertinente ! Le but étant de promouvoir un travail de qualité avant tout. L’ancienneté de la galerie a créé des habitués : ainsi, des noms comme William Klein, Denis Roche ou Bernard Plossu riment avec Réverbère tant il s’agit d’artistes phares du lieu. Catherine et Jacques cherchent également à continuer de repérer des talents nouveaux, une tâche qu’ils s’étaient fixée au début de la création de leur galerie, et qui continue d’animer leur activité. 

Tous les photographes de la galerie appartiennent à la même famille. Selon les créateurs, ils “jouent avec l’image, la manipulent, la fabriquent, ou tirent partie des complexités et des ambiguïtés du réel pour construire des univers qui sont toujours des entre-deux. Entre la réalité et son reflet, entre l’image et son fantôme, entre la vérité et le mensonge, entre la photo et la peinture, entre la photo et l’installation…”. Une belle manière de décrire leur travail, et un témoignage de l’amour du couple pour cette forme d’art et pour le travail des artistes avec qui ils collaborent. 

Le Réverbère est un lieu iconique dans le monde galeriste lyonnais, mais aussi plus précisément dans le monde de l’exposition de photographie. Seulement quelques galeries de photographie sont à dénombrer à travers le pays, contre des centaines de galeries d’art plus généralistes. Le constat est sans appel, la photographie n’est pas assez représentée dans les galeries ! C’est pourquoi le travail de Catherine et Jacques est plus que nécessaire. A l’aune des calculs, plus de 160 expositions ont été créées à Lyon et presque 1000 hors de la ville : une preuve du travail acharné entrepris dès le début de la galerie, et qui perdure encore aujourd’hui.

Crédit photo : Laurine Meeus

C’est quoi l’été pour vous ? 

Telle est la question qui a été posée par Catherine et Jacques aux vingt photographes qu’ils ont choisis pour figurer dans leur nouvelle exposition. Sonnant un peu comme un devoir de vacances, cette question ouverte et simple a su laisser le champ libre aux artistes pour interpréter ce thème comme leur semblait. 

Ils expliquent leur choix de sujet ainsi: “Dans notre époque agitée et assez morose, poser cette question nous semble lancer un débat profond mais gai. La légèreté d’une question n’en exclut pas son importance. En effet, dans un temps où le voyage, l’exotisme, le tourisme de masse dominent, se la poser, non pas pour savoir quelle destination prendre mais ce que veut dire pour nous cette saison c’est avant tout des congés, du déplacement, de l’économie touristique. Cette euphorie programmée est sans doute le symptôme d’une attente éperdue de liberté et de retour à soi. Nous sommes très curieux de savoir comment, pour les photographes de l’été est vécu”. 

De leur ambition découle une exposition où les relents de soleil font bon ton et donnent envie d’aller se baigner. Une exposition diverse également, où le style de chaque photographe est clairement visible : certains déclament leurs souvenirs d’enfance un brin nostalgiques, quand d’autres mettent en valeur les corps qui se dénudent. L’été c’est le comportement des personnes durant cette saison qui rime avec vacances, mais c’est aussi des lieux… Il y a des lieux connus, les plages par exemple, qu’elles soient vides et paisibles, ou bien grouillantes de monde. Mais ce sont également des recoins à découvrir, des lieux où l’on se cache pour apprécier le bon temps. L’été est définitivement synonyme d’extérieur, c’est pourquoi bon nombre des photographies exposées sont des photographies de paysages. 

Une exposition comme une redécouverte des souvenirs, plus ou moins enfouis, et un brin nostalgique. Elle offre au visiteur une envie de partir à l’aventure, sur les routes, de laisser ses tracas derrière-soi et de se couler douce au soleil. Du moins, c’est le ressenti, ici, à CCC Média. Une exposition pour accompagner l’hiver qui perdure en tout cas, et pour faire découvrir le travail et l’univers de nombreux photographes, ce qui vaut le détour !

Entretien avec Arièle Bonzon et Frédéric Bellay 

Qu’est-ce que c’est l’été pour vous? Autant poser directement la question aux intéressés. Nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Arièle Bonzon et Frédéric Bellay, deux des vingt photographes exposés. 

Crédit photo : Laurine Meeus

Honneur aux dames, nous donnons donc la parole à Arièle d’abord. Elle qui a cherché à détourner la relation qu’ont les gens avec l’été : les deux photographies qu’elle expose ici ne correspondent pas à des moments précis, mais cherchent à donner à ressentir des impressions ou des sensations d’été. Chose unique dans l’exposition, elle a choisi de représenter l’intérieur en été, et plus précisément le rapport à l’ombre : elle a voulu amener la lumière de l’extérieur à l’intérieur et vice versa. Elle a choisi d’accompagner ses photographies du poème qui suit, pour donner une autre dimension à ses oeuvres, pour créer une sensation de l’été encore plus complète avec le mélange des arts : 

L’été

une fois, cet été pas prévu. 

D’habitude, c’est prévu que l’été soit passé. 

Avant, mais là, on sait pas. 

L’été c’est un peu midi à sa porte 

ou même parfois : tous aux abris ! 

Les cris de ralliement, on les entend de loin en loin, 

(on sait jamais, vaut mieux pas s’approcher) 

A l’ombre ! Au frais ! 

Dehors, ça sèche, la peau pèle, 

Dedans, isolé, sans contact, protégé, 

une grand carafe avec de l’eau dedans 

et le soleil qui troue l’ombre. 

Ohé ! Y a quelqu’un ? 

Pas tellement, on attend. 

Parfois même on entend les vagues. 

On les compte, ça finit jamais. 

Pourtant la mer est loin. 

Le soleil a chaud, c’est comme la fièvre. 

On attend que ça baisse, tôt fermé. 

Dehors ça sent le grillé. 

Tandis que dedans, c’est frais et calme. 

On attend. 

Quoi ? On sait pas. 

On est bien, c’est pas difficile. 

On reviendra l’été prochain. 

L’artiste est en plus de tout cela, une artiste mythique de la galerie Le Réverbère car elle a été la première exposée, en 1982. Faisant un cercle complet, elle revient 40 ans plus tard et est exposée ici de nouveau, signe de la fidélité qu’ont les artistes vis à vis des galeristes. 

Crédit photo : Laurine Meeus

Frédéric Bellay nous présente également sa pratique et ses photos: “lorsque je me demande ce qu’est pour moi l’été, d’emblée se forme l’évidence qu’il s’agit d’un sentiment”. De la même manière qu’Arièle, Frédéric cherche à faire ressentir l’été plutôt que de le représenter de manière explicite. Il fait également un travail sur la lumière, sur la joie qu’elle lui procure, et notamment sur la réflexion de la lumière sur les différentes surfaces (notamment l’eau). Là où Arièle travaille sur le rapport entre l’ombre et la lumière, les photographies de Frédéric sont rayonnantes de luminosité. Ses quatres photos sont baignées de lumières presque aveuglantes, de “ses caresses et de ses gifles”. Des livres accompagnent également Frédéric dans son sentiment de l’été : ce sont Noces, suivi de l’Eté d’Albert Camus

Les deux artistes nous font part de leur point de vue sur la photographie, sur les thèmes qu’ils préfèrent aborder, sur leur rapport à l’été et plus dans leur interview. Pour plus de détails, n’hésitez pas à regarder notre reportage et à écouter leurs dires plutôt que notre impression de leur travail ! 

En conclusion, nous avons trouvé l’exposition C’est quoi l’été pour vous ? ravissante, elle qui a su réchauffer notre hiver en confinement, et donner une seconde vie à cet été de pandémie qui ne s’est presque pas passé. Pouvoir parler d’une galerie aussi mythique dans le monde de l’art lyonnais que celle du Réverbère était également un honneur, et nous vous invitons à (re)découvrir ce lieu. De plus, en 2009, la galerie a inauguré un petit cabinet de curiosités appelé Le Studiolo, rue des Tables Claudiennes. Les intéressé(e)s pourront également y faire un tour. Une preuve en tout cas que la galerie Le Réverbère, bien qu’étant la doyenne des galeries photographique de France, est loin d’avoir dit son dernier mot, et ne cessera pas de nous surprendre ! 

Noémie Keller et Eva Duc, rédactrices pour CCC Média 

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